Arguments contre

Focus sur les arguments en défaveur du Gaz de schiste

 

Comme nous pouvons le constater et dans le cadre pré-électoral dans lequel nous nous trouvons actuellement, l’écologie est devenue un thème majeur au sein du débat public français. La prise de conscience générale d’une nécessité de gérer de manière responsable nos émissions de gaz à effet de serre (protocole de Kyoto, voitures hybrides, …) et la volonté de laisser une terre « habitable et non dégradée » aux générations futures est à prendre en considération dans la controverse sur le Gaz de schiste.

Nous pouvons classer les points négatifs selon trois principaux axes : axe écologique/sanitaire, axe économique, qualité de vie.

 

 

 

  • Dangers écologiques et sanitaires

 

L’exploitation des ressources en Gaz de schiste fait redouter l’apparition de zones dévastées et insalubres autour des puits de forage. Cette idée est appuyée par ce qui s’est produit aux Etats-Unis et a été immortalisée par le film Gasland (Figure 1).

 

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Figure 1 : image tirée de Gasland, où les sources d’eau sont contaminées par le gaz s’échappant des poches souterraines.

Sources : Rapport de l’Assemblée Nationale

 

 

  Même si la France semble protégée d’un potentiel Gasland par une législation plus stricte et une conscience nationale de la primauté du bien public sur la liberté d’entreprise, des questions d’écologie et de santé publique peuvent être soulevées.

   En effet, la fracturation hydraulique (interdite dans les domaines pétrolifères par la loi du 14 Juillet 2011) nécessite une grande consommation d’eau et de produits chimiques. Notre pays, et les départements du sud notamment, devant faire face à des périodes de sécheresse récurrentes depuis quelques années maintenant, il est intéressant de se demander si l’utilisation d’une ressource si précieuse et non abondante que l’eau serait un choix judicieux. En outre, pour extraire le gaz, l'eau et le sable ne suffisent pas : de nombreux produits chimiques sont ajoutés pour des raisons techniques et aussi afin d'accroître les rendements des puits. Ces produits chimiques peuvent s’infiltrer dans les nappes phréatiques si les strates rocheux ne sont pas parfaitement imperméables, ce problème se posant pour le sud de la France (Figures 2 et 3).

 

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Figure 2 : Illustration du sous-sol de la région des Causses.

On remarque la succession de failles qui exposent les nappes phréatiques à une pollution potentielle.

Sources : Roches ,géologie et paysage du Parc national des Cévennes

 

 

 

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Figure 3 : carte des zones de prospections accordées puis annulées dans le sud de la France.

La figure 3 montre clairement que se sont des régions densément peuplées où tout accident industriel mettant en cause l’eau serait sans doute catastrophique.

Sources : OWNI

 

 

Il faut aussi noter que le bilan carbone du Gaz de schiste est nettement moins bon que celui du gaz naturel classique. Cela ne vient pas d’une distinction chimique (ce sont des molécules identiques), mais des moyens techniques à mettre en œuvre pour l’extraction : la fracturation et le convoyage du gaz nécessite d’énormes moyens mécaniques (groupes électrogènes à combustible, semi-remorques) durant toute l'exploitation du puit. Il en résulte des rejets particulièrement importants et rendant le bilan carbone du gaz de schiste équivalent à celui du pétrole.

  Nous voyons aussi un obstacle écologique au niveau du permis de Nant : la majeur partie de sa superficie se situe sur le parc national des Cévennes; or, il est peu souhaitable qu’un parc national dont le but est la préservation d’espèces animales et végétales dans un « poumon vert » soit exploité. Il faut garder à l’esprit qu’une petite zone visible d’exploitation (puits verticaux hors sol) peut marquer une exploitation de très grande taille au niveau souterrain grâce à la technologie des puits horizontaux (figure 4). L’impact visuel est limité mais les territoires et risques restent les mêmes.

 

 

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Figure 4 : Surface exploitée et surface au sol.

Source : Schuepbach Energy

 

 

Il faut toutefois nuancer les peurs qui peuvent être suscitées par Gasland ou certains relais médiatiques, les nappes phréatiques n'encourant que très peu de risques : les gisements sont exploités à plusieurs kilomètres de profondeur alors que les nappes utilisables ne sont qu’à quelques centaines de mètres. Concernant les accidents évoqués dans Gasland, ils sont à relativiser car, comme nous l’a expliqué Monsieur le Député Gonnot, les accidents ont été relevés dans des états ou provinces n’ayant aucune histoire pétrolière et donc aucune structure législative ni administrative pour assurer un contrôle sur les exploitants. D’autres états, tels le Texas, n’ont pas connus de telles « catastrophes»; or, le Texas est un vieil état pétrolier: on peut donc supposer qu’un cadre strict limiterait les accidents aux aléas techniques et humains que peut connaitre toute industrie.

 

 

 

 

  • Dangers économiques

 

 

   Nous avons déjà évoqué les avantages économiques d’une production de Gaz de schiste sur le sol français , mais il y a aussi un versant négatif pour l’économie de notre pays.

 

  Le méfait principal est l’impact de l’idée d’industrie polluante et dangereuse sur l’image de marque de départements et régions qui misent sur le tourisme, et à plus forte raison sur le tourisme vert qui ne cesse de se développer dans le monde.

  On rejoint ici l’idée que le parc des Cévennes ne peut être une zone d’exploitation puisqu’en plus d’être un «poumon vert », il s'agit d'un lieu de randonnée et de villégiature important pour l’économie touristique de la région. Le sud de la France est apprécié par le monde entier pour son climat mais aussi pour la beauté de ses paysages. Cette image, qui s’est construite dans l’imaginaire collectif et qui a été immortalisée par de nombreux artistes, a permis le développement d’une industrie de l’hôtellerie et du tourisme important. Il est probable qu’une altération de cette image de marque entrainera des pertes pour cette industrie.

 

  Un autre point important réside dans la perte de valeur des biens immobiliers dans les zones à proximité des exploitations : les prix de l’immobilier sont relativement hauts pour l’ensemble du sud de la France mais l’installation d’une industrie entraine régulièrement la baisse des prix suite à la réticence d’acheteurs potentiels de vivre près de celle-ci par peur des accidents, ou simplement suite à un refus personnel d’être proche de puits de gaz. Il en résulte une perte financière importante pour les gens qui vivent sur place avant l’implantation de cette industrie.

 

   Le dernier point noir économique relève des infrastructures nécessaires à la fracturation : le transit régulier de convois de poids lourds sur des routes secondaires non pensées pour cet effet entrainera inévitablement des dégradations. L’état et par conséquent les contribuables se verront donc obligés de financer la remise en état des routes, voire la création de nouveaux axes.

 

 

 

 

  • Qualité de Vie

 

 

   Le trafic routier important et les travaux générés par la production de Gaz de schiste auront obligatoirement un impact sur la vie quotidienne des riverains : augmentation des temps de transport, gênes sonores et visuelles, augmentation de la pollution…

    Il faut enfin ajouter le facteur 'stress' qui apparait dans le voisinage des industries polluantes, stress d’autant plus important que le grand public est peu informé sur la question. Il convient enfin de considérer aussi la frustration de riverains qui avaient choisi de vivre dans une région réputée pour sa beauté naturelle et qui deviennent voisins d’une industrie autant décriée.

 

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Figure 5 : affiches contre le Gaz de Schiste

http://dangergazdeschistefr.wordpress.com/liens-a-connaitre/